Lubin Muduyt de La Grève est né le 3 janvier 1782 à Poitiers, d’une famille aisée. Pierre, son père, occupait la fonction d’avocat du barreau de Poitiers et de Sénéchal de la vicomté de Gençay. Sa mère était Anne Suzanne Babinet de La Cour. Son grand-père paternel André Louis Lubin Mauduyt était conseiller du roi et échevin de la maison commune de Poitiers. Par les mariages, les Mauduyt allaient s’allier à des familles importantes, les Babinet de La Cour, receveur de l’Hôtel-Dieu de Poitiers, les Jardel, avocats au Présidial. Le 22 octobre 1743, ce grand-père avait épousé à Gençay Marguerite Suzanne Jardel, fille de Maître René Jardel, juge sénéchal de la châtellenie des Basses Vergnes, seigneur de Reignier, châtellenie sise en la paroisse de Marnay, et de Suzane Ingrand. La famille possédait alors la maison noble et la métairie de La Grange aux Rondeaux.
Bonapartiste convaincu, Lubin Mauduyt était professeur, puis devint directeur de l’Institut d’Histoire naturelle de Poitiers. Il demeurera fort peu à La Vergne dont il héritera au décès de son père. La mémoire familiale a gardé de lui, le souvenir d’un homme «rigide et sans fantaisie».
Le 26 novembre 1805, à Nouaillé-Maupertuis, il épousera Marie Aglaé Beauvisage de Montégu, dont le père était président du canton de la Villedieu. C’est cette année là qu’il commençait la rédaction de son Vocabulaire.
Considéré comme un scientifique, Lubin Mauduyt avait une manie: celle de tout noter. Très attaché à la culture régionale, il consacrera de son temps à la langue du Poitou. Il écrira une multitude d'articles tout au long de sa carrière, articles dont la liste n’est pas mince, sans compter de nombreuses interventions aux séances de la Société d’Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts de Poitiers ou à celles de la Société des Antiquaires de l’Ouest. Conservateur du musée d'histoire naturelle de Poitiers, passionné de sciences naturelles, il réalisera une étude sur tout ce qui concerne la faune et la flore de la Vienne, les oiseaux, les poissons, les serpents, les mammifères, les plantes, les mollusques. Ce goût pour l' ethnologie le conduira à écrire un vocabulaire poitevin recensant près de 4000 mots. Cette source importante qu’il note de la bouche même des locuteurs sera par la suite largement utilisée par d’autres auteurs de lexiques et dictionnaires. Le manuscrit fut déposé à la bibliothèque municipale de Poitiers par sa famille. La bibliothèque universitaire conserve deux autres manuscrits : «L’herbier de la région de Gençay», et une méthode d’identification des roches et minéraux. Ce maniaque de la description a repris des chansons poitevines. Ses écrits qui s’échelonneront de 1828 à 1863 s'intéresseront autant à la «Pierre qui pue» bac en calcaire fétide qui était déposé près de l’église Saint-Hilaire du Poitou, connu encore sous le nom du «Pet du diable», qu'à l'incubation des œufs de perdrix rouges en volière. Il écrira une notice sur Gençay et son château, sur un monument de Château-Larcher, sur une arme gauloise de façon particulière, etc.
Le 2 octobre 1819, un arrêté préfectoral signé du baron De La Rochette, préfet de la Vienne, nommera Monsieur Lubin Mauduyt, propriétaire, Conseiller municipal de la Commune de Gençay en remplacement de Mr Fradin Valentin passé adjoint. C’est le 10 octobre 1819 que le Conseil Municipal de Gençay légallement assemblé sous la présidence du maire s’est présenté Mr Mauduyt propriétaire nommé Conseiller municipal (…) mais auparavant, il dut, entre les mains du maire prêter le serment dont la teneur suit:
«Je jure fidélité au Roi, obéissance à la Charte Constitutionnelle et aux Lois du Royaume».
Puis Lubin Mauduyt a été installé par Mr le maire dans sa fonction de Conseiller municipal. Signé Pouvreau maire.
Lubin Mauduyt était toujours propriétaire de La Grange aux Rondeau. Il aimait et pratiquait la pêche, «cet exercice, l’un des plus agréables que l’on puisse prendre à la campagne, et l’un des plus propres à entretenir la santé» écrivait-il.
Nommé en janvier 1839, et jusqu’en 1864, il assurera les fonctions de conservateur du Musée d'histoire naturelle de Poitiers, de sous-bibliothécaire et conservateur adjoint des musées de la ville de Poitiers. Il participera avec succès à l'enrichissement des collections. Il était membre fondateur de la Société des antiquaires de l' Ouest, en 1834. Au terme d’une longue vie, il s’éteignait à son domicile de Poitiers le 18 juin 1870. La presse écrivait à cette occasion: « Cette vie si laborieuse et si bien remplie vient de s’éteindre. M. Lubin Mauduyt est mort en homme de bien et en chrétien emportant les regrets sincères de tous ceux qui l’ont connu»
C’est le peintre André Deschamps qui avait peint le portrait de Lubin Mauduyt placé en en-tête de cette biographie. On voit cette huile (0,73 m x 0,598 m) au musée de Poitiers.