Tour de France 1971

Le Tour de France à Gençay en 1971

Il aura fallu attendre quatorze ans pour revoir les coureurs de la Grande Boucle emprunter les rues de notre commune. Le sens a été inversé. Cette fois ci les coureurs viennent de Bordeaux pour se rendre à Poitiers.

En parallèle, la veille, mais toujours dans le cadre du passage du tour, Gençay accueillait Raymond Poulidor, le coureur emblématique qui ne participait pas à l’épreuve cette année là. Dans la Nouvelle république du 15 juillet 1971 on lisait:

(…). On sait en effet que Poulidor précède la course d’une journée, («Pré Tour de France») sous l’égide de Radio-Luxembourg et de «La Nouvelle République». Il devait être indiqué qu’une initiative a déjà été prise par les organisteurs à laquelle seraient associés les clubs poitevins. Ceux-ci enverront d’ailleurs une délégation de coureurs accueillir Poulidor à Gençay.

Dans le même numéro on pouvait lire, dans la rubrique sportive, le détail de la manifestation:

61 KM EN TERRE POITEVINE ET ETAPE A GENÇAY ET A POITIERS

Bordeaux-Poitiers, tel est le menu proposé à Raymond Poulidor en ce jeudi 15 juillet précédent ainsi de 24 heures le Tour de France sur un parcours identique.

Pénétrant dans la Vienne au carrefour de Boisseguin (km 183), la caravane RTL et Nouvelle République accompagnant le champion cycliste traversera Civray, Sommières, La Ferrière-Airoux avant de marquer une halte à Gençay (km 218).Là, «notre Poupou national» sera accueilli par notre dépositaire, M. Pautrot-Arlot, place des Halles et par le groupe folklorique «La Marchoise de Gençay» ce dernier lui réservant une aubade qui lui rappellera par certains côtés son Limousin très proche.

Reprenant la route en direction de Poitiers par La Villedieu, Les Roches-Prémaries, Saint-Benoît, Raymond Poulidor trouvera à ses côtés les coureurs des deux clubs poitevins, le C.P. et l’U.V.P.

Dans la Nouvelle République du 16 juillet le déroulement de cette étape nous était conté par le menu par J. L. Hénin:

A GENÇAY ET A POITIERS RAYMOND POULIDOR A RETROUVÉ L’AMBIANCE «TOUR DE France»

Jamais depuis le départ, diront nos amis très avertis de R.T.L. une telle ambiance si proche du Tour de France n’avait régné. A Gençay, diront les mêmes, ce fut «une barrière de champagne», admirez l’expression!

Un public monstre venu de toutes les communes environnantes se pressait sur la place des Halles devant l’établissement de notre dépositaire, M. Pautrot-Arlot*.

Le folklore prévu était présent: en tout premier lieu, c’est aux accents de «La Marchoise» chère à M. Valliere* que Raymond Poulidor fit son entrée; on trouvait aussi un octogénaire de Marçay, M. Vacher, qui, arborant une casquette R. Poulidor, évoquait à qui voulait l’entendre un certain Bordeaux-Paris avec les frères Georget (?)*.

A Gençay aussi, se renouait une amitié née au début de ce pré-Tour de France; en effet, des Nordites M. Jean-Pierre Bruyndoghe et son épouse retrouvaient après trois jours d’infidélité, le champion limousin. Cet ardent supporter n’a pas hésité à prendre son mois de congé pour suivre ce périple à travers la France.

Avec «La Marchoise, on remarquait aussi «Les Violoneux» avec à la tête un octogénaire Aimé Bozier*, entouré du maire de Magné M. Guigné, Mme Valière et Albert Guillet*.

Enfin M. Bernard, conseiller général, maire de Gençay et Mme, étaient venus, autant en admirateurs de Raymond Poulidor qu’en tant que personnalités.

Après la traditionnelle distribution des autographes qui dut être abrégée pour éviter un retard sur l’horaire prévu, on prit la route de Poitiers.

Ce départ ne passa pas inaperçu puisque les jeunes coureurs du C.P.* et de l’U.V.P.* et les cyclotouristes prirent la route aux côtés de Raymond Poulidor. (…)

De son côté Centre-Presse, sous la plume de Pierre Decosse relatant le même évênement on pouvait lire:

Dans le cadre de sa randonnée «solitaire» sur le périple du Tour de France qu’il a entrepris avec une journée d’avance, le désormais légendaire «Poupou», ainsi que se plaisent à le désigner ses nombreux supporters, celui-ci a pu au cours de cette étape, Bordeaux-Poitiers, apprécier la popularité, dont il jouit fort justement.

«L’éternel Second» ainsi que le désignent certains clichés de presse a en effet découvert en terre civraisienne un accueil enthousiaste, notamment à Gençay, où une mini-étape avait été organisée pour lui, au cours de l’après-midi d’hier.

C’est place du marché qu’une foule record et enthousiaste contraignit le champion limousin, après l’accueil chaleureux du célèbre groupe folklorique de «La Marchoise» à un bain de foule qui ne dura que quelques trop rares instants pour les chasseurs d’autographes. Chez notre dévoué dépositaire, M. Pautrot-Arlot dont l’établissement a bénéficié de louables aménagements. «Poupou» se désaltéra en compagnie de M. Bernard, conseiller général et maire, tandis que «La Marchoise» donnait une aubade.

Précédé des motards et escorté par les équipiers de l’U.V.P. Raymond Poulidor, avec un sourire serein et combien réconfortant, prit alors la route de Poitiers, où un accueil non moins chaleureux devait lui être réservé.

Le lendemain, avait lieu le passage de la Grande Boucle. Celui-ci était prévu à 15 h. 34. Lisons un peu du compte-rendu de cette étape dans la rubrique des sports de La Nouvelle République du 17 et 18 juillet 1971:

DANGUILLAUME ATTAQUE

[Après la traversée de Ruffec]. Jean-Pierre Danguillaume jaillit aussitôt. Il prit 100, 150 mètres et flairant la bonne occasion, Catieau, Paolini, Vidament, Wolfshohl, Spruyt, Schleck, Crepaldi, Krebels et Bernard Guyot, qui terminent fort bien le Tour le prirent en chasse (…)

Danguillaume et Bernard Guyot jouaient les locomotives et honnêtement dans le lot, chacun tenait sa partition. A Civray, l’écart était de 1’ 40’’ (190e km), de 2’ 15’’ à Sommières du Clain (210e km), de 3’ à Gençay (218e km). La foule sportive de la Vienne reconnaissant Danguillaume, se faisait chaleureuse et en dépit de la réaction de Lopez Rodriguez, Trlinck, Genet et Leman, qui aiguillonnaient le peloton, la différence ne faisait que croître et embellir pour atteindre les 4 minutes au pied de la côte de Saint-Benoît. (…)

A Poitiers, sur la piste en cendrée, Danguillaume remportait l’étape au sprint.
 
(Documentation: Journaux d’époque, A.D.de la Vienne)

Jean-Jacques Chevrier