Patrimoine Funéraire
     Le cimetière de Gençay recèle un riche patrimoine de croix funéraires en fonte d’art. Mais d’où proviennent-elles ?
     Si les croix de fonte apparaissent au 18e siècle, la plupart de celles encore visibles dans nos cimetières remontent au 19ee siècle et son développement va de pair avec les progrès de la métallurgie du fer et de l’urbanisme. Après son apogée à la fin du 19e siècle, elle connaîtra un certain déclin et sera méprisée par les spécialistes de l’art, qui considèrent que ce n’est pas de l’art dans la mesure où chaque œuvre n’est pas unique. Mais alors que dire des lithographies et autres sérigraphies ?...Dans certains pays (Belgique, Angleterre…) les réalisations en fonte d’art sont classées monuments historiques. L’usure de ce matériau due à la rouille et la casse due à sa fragilité en font un patrimoine riche mais fragile qu’il convient donc de préserver. siècle. La reprise des concessions anciennes et la fragilité des matériaux oblitèrent ce petit patrimoine précieux. Vers 1840, ce sont les croix ajourées qui apparaissent et qui vont être produites en masse par les fondeurs qui assurent la fabrication du petit mobilier funéraire. On citera la fonderie Alfred Corneau à Charleville-Mézières (Ardennes) dont les catalogues présentent de nombreux modèles de croix en fonte. La fonte d’art est née au début du 19
Dans notre cimetière une belle croix en fonte d’art
     Cette croix est signée Corneau Frères à Charleville. Au sein de cette fonderie familiale de maîtres de forges fondée en 1846, c’est Alfred qui au cours de la seconde moitié du 19e siècle deviendra un fabricant de fonte d’art très actif, produisant une importante production de modèles de croix de cimetière, de monuments funéraires, de croix de chemin ou de mobilier urbain. Les anciennes entrée du métro parisien sont en fonte d’art.
Lecture de la croix et des symboles qu’elles contient dans son décor.
     D’abord ses dimensions. Elle mesure 1, 80 m. de hauteur et 0, 99 m de largeur. La largeur du fût et des croisillons est de 0, 11 m.
     En partant du pied de la croix. On trouve deux personnages vêtus de robe amples au drapé soigné.
     Celui de droite, reconnaissable aux deux clés qu’il tient sur sa poitrine est Saint-Pierre. Saint Pierre est détenteur de deux clés, l’une en or céleste, l’autre en argent terrestre. Il a ainsi la capacité d’ouvrir et de fermer les portes du paradis.
     Celui de gauche porte une épée, objet de son martyre avec lequel il fut décapité.
     Dans la tradition catholique, tous les deux sont fêtés le même jour, le 29 juin, jour de leur martyre. C’est un 29 juin que Saint-Pierre aurait été crucifié la tête en bas dans le cirque du Vatican alors que Saint-Paul aurait été décapité sur la route d’Ostie au lieu dit les Tre Fontane car, selon la légende, sa tête aurait rebondi trois fois sur le sol et à chacun de ces trois emplacements une source aurait miraculeusement jailli.
     Ces deux personnages encadrent le calice et l’hostie rayonnant sur le monde.
     En remontant, dans un cercle les lettres A et M entrelacées, elles symbolisent l’Ave Maria.
     Au centre de la croix le Sacré Cœur représenté par Jésus tenant d’une main et montrant de l’autre son cœur flamboyant.
     Enfin le décor  de chaque extrémité semble reprendre la croix maltaise dont les huit points externes sont symboliques de la régénération. Ils sont aussi parfois supposés représenter les huit béatitudes. Cette croix était l’emblème des chevaliers de Saint-Jean qui ont été entraînés par Rhodes à l’île de Malte par les Turcs.

Jean-Jacques Chevrier


 
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Très belle croix en fonte d'art ajouré signée Corneau frères Charleville

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L'Ave Maria, lettres A et M entrelacées

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Le calice et l'ostie rayonnant sur le monde


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Le Sacré Coeur


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Saint Pierre


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Saint Paul

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Décor extrémité des branches de la croix