Geoffroy IV de Rancon
L’attitude de ce seigneur, qui demeurera toute sa vie l’ennemi de l’Anglais, sera déterminante pour l’issue de la bataille de Taillebourg remportée en 1242 par le roi Louis IX sur le comte de La Marche Hugues X de Lusignan et son allié le roi d’Angleterre Henri III. Ouvrant les portes de son château au roi de France, il précipita leur défaite.
Il s’était fait l’ami et l’allié de Aymar Taillefer, comte d’Angoulême. Il prit part à la troisième croisade. Le roi d’Angleterre Henri II, en guerre permanente avec ses enfants, passa la mer en 1174 pour venir combattre son fils Richard Cœur de Lion, duc d’Aquitaine, parvenu à rattacher à sa cause, les barons du pays.
Après la mise à sac de son château de Taillebourg, Geoffroy IV le rétablit promptement de ses ruines et moins de dix ans après, il voyait de nouveau arriver sous ses murs, le même ennemi qui soutint un nouveau siège, Richard Cœur de Lion étant très irrité contre Geoffroy de Rancon. A ce moment, Geoffroy, allié de Aymar, comte d’Angoulême, était entré dans la ligue formée par les barons d’Angoumois, de Saintonge et du Poitou et avait porté ses dévastations dans le domaine du duc d’Aquitaine. Richard fit une guerre d’extermination. A la tête de ses compagnies de soudoyer flamands, il prit, brûla, rasa les châteaux des confédérés, incendia les villages, arracha les vignes, et livra tout au pillage jusqu’à ce que ses ennemis se fussent rendus. Le vainqueur ne laissa la vie sauve aux vaincus qu’à une condition. Ils durent s’engager par serment à le suivre à la croisade, en 1187.
Tenu par son serment, Geoffroy IV de Rancon fit ses préparatifs de départ pour la Palestine. A la suite d’un nouveau conflit entre Richard et le roi de France, ce dernier fit appeler dans sa tente, à Messine, en Sicile, les seigneurs d’Aquitaine qui s’étaient croisés avec le roi d’Angleterre, et leur rappelant leur parole, il les somma d’avoir à le suivre en Terre Sainte.
Aussitôt Geoffroy IV de Rancon et avec lui les autres seigneurs, répondirent qu’ils étaient prêts à se mettre en route quand il voudrait. Dans sa colère, le roi d’Angleterre jura de les dépouiller de leurs domaines, et tint parole.
Au retour de croisade, bien que discrètement déguisé, Richard Cœur de Lion fut capturé et fait prisonnier en traversant l’Allemagne. Enhardis par la nouvelle de sa captivité, les barons aquitains se jetèrent sur ses terres et y commirent de grands dommages. A la tête des confédérés, marchait toujours Aymar d’Angoulême et l’infatigable Geoffroy IV de Rancon. Arriva Richard à la tête de plusieurs milliers de routiers, placés sous les ordres du grand ami du roi, le féroce Mercadier qui comptait pour rien, l’effusion de sang humain, le pillage et l’incendie.
En premières noces, Geoffroi IV de Rancon avait épousé vers 1195, Jeanne Maingot de Surgères, née vers 1175, dame d’Aulnay, fille de Guillaume de Surgères, sénéchal du Poitou et de Berthe de Rancon. De cette union, naîtront Amable de Rancon (v. 1198- ? 1269) qui deviendra l’épouse de Guillaume de Parthenay (v. 1190- ? janvier 1243) ; Geoffroi de Rancon, seigneur de Gençay, (v. 1205- ?septembre 1263), père de Jeanne de Rancon, Dame de Noirmoutier ; Eléonore de Rancon, (v.1206-après 1269), Dame d’Esnandes, épouse de Geoffroi d’Ancenis, baron d’Ancenis (v. 1200- ?1272) ; Assalide de Rancon (v. 1210- ?), épouse de Pierre de Bordeaux (v. 1208- ? vers 1274) ; Aymar ou Aimeri de Rancon (v. 1200- ? 1226) qui épousera en 1222 Pétronille de Comminges, vicomtesse de Marsan (v. 1185- ? après le 3 novembre 1251), fille de Bernard de Comminges, comte de Comminges, et de Béatrix de Bigorre, comtesse de Bigorre. Devenu veuf, en secondes noces vers 1245, il épousait Isabelle de Lusignan, fille aînée de Hugues XI de Lusignan.
Geoffroy IV de Rancon, l’un des plus surs et des plus puissants alliés du comte d’Angoulême, vint à mourir. Malheureusement, sa mort, tout en laissant un grand vide dans son parti, n’arrêta pas la guerre. Son château de Taillebourg fut assiégé pour la troisième fois en vingt ans. Malgré une résistance désespérée, il dut se rendre.
Geoffroy sera le dernier à porter les armes. Son seul fils décédera en bas âge. Ses châteaux seront partagés entre les enfants de ses filles. Sa descendance est fort mal connue et la plupart des auteurs qui s’y sont consacré ne sont pas d’accord entre eux.
Son fils unique était issu d’un mariage très tardif. En 1235, Geoffroy était nommé comme époux de l’héritière des vicomtes d’Aulnay. En effet, dans un acte passé avec les moniales de Tusson, Jeanne, sa femme, vicomtesse d’Aulnay donnait à ces dernières quarante sous de rente à percevoir sur le péage et les recettes des ventes d’Aulnay. Lorsqu’il se remarie, il a atteint la soixantaine. C’est avec une toute jeune fille, Isabelle de Lusignan, laquelle est de la génération de ses petits enfants. Isabelle est la fille aînée de Hugues XI de Lusignan et la petite fille de son ancien ennemi Hugues X de Lusignan. Son père étant décédé prématurément, elle se retrouve orpheline très jeune et trouve en Geoffroy un tuteur puis un mari. C’est de cette union que naît un fils attendu, Geoffroy « Le Jeune ». Geoffroy « Le Vieux » le désignera comme héritier dans son testament en août 1258, avec l’espoir de le voir perpétuer la lignée des Rancon. Malheureusement, l’enfant disparaîtra bientôt au début de 1263.
La descendance de Geoffroy IV de Rancon et de Jeanne d’Aulnay
Une période d’incertitude va alors régner sur le sort des fiefs de Rancon et Aulnay. Celle-ci ne prendra fin qu’en 1270. Geoffroy a gardé par devers lui le patrimoine de sa première épouse. De ce fait ce n’est pas la succession de Geoffroy « le Jeune » qui sera à régler mais bien celle de Geoffroy « le Vieux » et de Jeanne d’Aulnay. La liquidation de cette succession fera apparaître que de sa première union, Geoffroy a eu quatre filles. Cependant, des quatre, seule l’aînée est identifiable. C’est Amable de Rancon, la mère de Hugues de Parthenay, qui avait épousé Guillaume, seigneur de Parthenay. Ils se verront attribuer la châtellenie de Taillebourg. La seconde, Jeanne de Rancon épouse de Guillaume IV de Sainte-Maure obtiendra la principauté de Marcillac. De la troisième nous ignorons tout, sauf qu’elle épousera Benoît, seigneur de Mortagne et qu’elle conservera la vicomté d’Aunay. La quatrième sera mariée à Jaudoin, seigneur de Doué [La Fontaine], et aura deux filles. L’une Eustache, deviendra dame de Gençay. Elle portera la seigneurie de Gençay dans la famille des Bouchard de l’Ile en devenant l’épouse de Barthélémy de l’Ile. L’autre, Aliénord, deviendra la femme de Geoffroy d’Ancenis. Quant à la cinquième fille de Geoffroy, elle s’unira à Pierre de Bordeaux, seigneur gascon bien connu et laissera aussi deux filles qui épouseront respectivement Amanieu d’Albret et Gaucelm de Castillon. Nous ignorons quelle fut sa part d’héritage.
Pierre de Bordeaux, seigneur de Puy Paulin dit « Le Jeune » 1208-1274.
Il était le fils de Pierre III de Bordeaux seigneur de Castelnau et Puy Paulin et Contor de Veyrines.
Il naquit en 1208. En 1230, il épousait Assalide de Rancon. Il était sénéchal de Gascogne. Il décédera en 1274.
Deux enfants de lui sont connus :
Pierre de Bordeaux, seigneur de Puy Paulin – 1283
Mathe de Bordeaux, 1230-1281 que l’on sait d’Assaliede de Rancon.
Au moment de la rédaction de son testament, en août 1258, ses filles sont décédées mais il a plusieurs petites filles et un petits fils, Hugues de Parthenay.
Seul héritier mâle, le fils de sa fille aînée se comportera en chef de famille après la mort de son grand-père. Il prétendra recevoir l’intégralité de patrimoine. Dans un premier temps, il convaincra Guillaume de Sainte-Maure d’accepter pour la part de sa femme 170 livres de rente à Parthenay. Mais, Benoît de Mortagne s’opposera à ses vues et le comte de Poitiers sera appelé à prendre en main le règlement de la succession. S’ensuivra une série d’enquêtes sur la coutume, et on apprendra que l’héritage est évalué à 2 000 livres de rente, ce qui semble bien inférieur à la réalité. Cet héritage sera à répartir à égalité entre les filles de Geoffroy et de Jeanne. Hugues de Parthenay, fils de l’aîné, disposera seul de la part de sa mère, soit ¼, à charge de doter ses sœurs. Les trois autres quarts seront répartis entre les filles des puînées. De la sorte, Benoît de Mortagne et Guillaume de Sainte-Maure auront droit à 1/3 de ¼, soit 1/12. Barthélémy de l’Ile et Geoffroy d’Ancenis chacun à la moitié de 1/4 , soit 1/8. Amanieu d’Albret et Gaucelm de Castillon également. Le fief de Gençay sera attribué à Barthélémy de l’Ile.
La petite fille de Hugues X de Lusignan, dernière épouse de Geoffroy IV de Rancon était encore de ce monde le 4 juin 1309. Ce jour, son frère cadet, Guy de Lusignan, seigneur de Couhé, la désignait comme exécutrice testamentaire. Elle était alors septuagénaire, Geoffroy IV de Rancon était décédé depuis un demi-siècle.
Du mariage d’Eustache de Doué, dame de Gençay avec Barthélémy III, chevalier, baron de l’Ile-Bouchard mort avant 1288 sont issus :
- Bouchard, qui succéda à son père comme baron de l’Ile-Bouchard. Il épousera Agnès de Vendôme.
- Jean, seigneur de Sainte-Maure, marié en 1327 à Isabeau de Montbazon.
- Barthélémy, qui devint seigneur de Gençay. Il se maria avec Jeanne de Morthemer, fille de Geoffroy de Morthemer seigneur de Couhé et de Jeanne de Lezay.
- Agnès, abbesse de Beaumont de Tours.
- Alméria, qui épousera Hardouin de Bauçay.
Par la suite, Catherine de l’Ile-Bouchard, petite nièce de Barthélémy, époux de Jeanne de Morthemer, deviendra héritière de la seigneurie de Gençay.
(Renseignements : La succession de Geoffroy de Rancon, seigneur de Taillebourg 1258-1270, par Jacques Duguet, et Des descendants dans le Civraisien des Sires de Rancon…par Marcel Fouché. Bull. SAO 4e tr. 1967, T.IX, 303-311))