Le 1er château de Gençay

     Son lieu d’implantation fut le Moncabré. Aujourd’hui, on trouve toujours la rue du même nom. Ce mot devrait s’écrire MontCabré.
 
     Origine toponymique:

     On aurait pu penser à un nom dérivé du lat.capra: chèvre et suffixe –arium, avec une traduction possible de mont aux chèvres.

     Cependant, Jean Coste, dans son dictionnaire des noms propres est beaucoup plus précis et propose comme origine, un mot descendant d’une langue à tout le moins prélatine. Il s’agit du mot cabre, localisé dans le sud-ouest et qui signifierait «noisetier» ou «noisette», assorti le plus souvent de suffixes à valeur locative ou collective qui ont une affinité certaine pour les phytonymes (nom de lieu à partir d’un nom de plante).

     Mais, rajoute l’auteur, victime de leur homonymie, tant en langue d’oc qu’en langue d’oïl, avec les continuateurs du latin capra, «chèvre», le vieux mot cabre ainsi que ses variantes et ses dérivés devinrent, avec le temps, de plus en plus ambigus,avant de perdre définitivement leur sens primitif.

     On traduira donc le Montcabré par Le Mont aux Noisetiers.

     (Sources:Jean Coste. Dictionnaire des noms propres. Toponymes etpatronymes de France: quelle origine, quelle signification? Armand Colin.2006, 109-110)

     C’est sur ce mont que fut édifié le premier château deGençay appelé :
 
     La Tour de Mont Cabré ou Tour de MontCabrier.
 
     L’existence de ce premier château fort à Gençay «castrum Gentiacum» est signalée dans les dernières années du Xe siècle par le chroniqueur contemporain Adémar de Chabannes qui mourut en 1034.

     Aucun document n’indique la date de sa construction. Peut-être était-elle contemporaine de la Tour de Metgon, sa voisine de Château-Larcher qu’une charte de 969 signale comme étant déjà très ancienne. Le besoin impérieux pour les populations de se protéger contre les invasions et les pillages en détermina probablement la construction. Par sa position sur le passage de l’antique voie reliant Poitiers à Charroux et Périgueux, la citadelle de Moncabré répondait bien à ce besoin. Elle devait être une barrière difficile à franchir.

     Au Xe siècle, elle était «un des importants domaines du comte de Poitou, la citadelle avec laquelle il menaçait Charroux, la capitale de la Marche, située seulement à six lieues de distance». Il fut pris et démantelé en 993 par les deux frères Boson II, comte de Charroux, et Audebert 1er, comte de Périgueux.

     Guillaume le Grand, comte de Poitiers, ayant réussi, peu de temps après, avec l’aide du comte d’Angoulême, à remettre la main sur Gençay, le fortifia de nouveau et y plaça une forte garnison.

     En 997, Boson et Audebert revinrent mettre le siège devant la citadelle de Gençay. Ils étaient sur le point de s’en emparer pour la seconde fois lorsque Audebert commis une imprudence. Se croyant maître de la place, il avait retiré son armure et chevauchait tranquillement en attendant la reddition de la garnison. Une flèche lancée par un des assiégés l’atteint et le blessa mortellement. Ce fut le signal de la déroute pour les assiégeants qui reprirent en hâte le chemin de Charroux.

     Ayant eut connaissance de cette nouvelle attaque des ambitieux comtes de la Marche, le roi de France Robert II, accourut avec des forces importantes, vint porter secours à Guillaume le Grand, comte de Poitou, son cousin germain. Le roi et comte arrivèrent devant Gençay peu de temps après la fuite des assiégeants. Ils se mirent à leur poursuite et les atteignirent près de Rochemeaux, proche de Charroux où ils leur infligèrent une sanglante défaite.

     Au 12e siècle, Geoffroy II de Rancon,seigneur de Gençay, faisait alors sa résidence dans son château de Taillebourg, laissant la Tour de Moncabré à son capitaine Guitard de Gençay. La ville de Gençay est alors administrée par un sénéchal et le château et sa garnison par un capitaine. En 1179, Richard Cœur de Lion qui s’était emparé du château de Taillebourg, se fit livrer la Tour de Moncabré et il la fit démanteler. Elle ne fut jamais restaurée et tomba peu à peu en ruines.